Date de publication :

18/10/2022

Modifié le :

02/05/2023

L’occupation transitoire

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 Images: Entremise

Dans la foulée de l’adoption de son Plan d’action régional en patrimoine et dans l’optique de relancer ses travaux dans ce secteur, Culture Bas-Saint-Laurent souhaite entamer la publication d’articles sur divers thèmes liés à la sauvegarde du patrimoine. Ce premier en est un sur le principe d’occupation transitoire. 

Très répandue en Europe et émergente au Québec, l’occupation transitoire est une pratique en aménagement qui offre une solution innovante aux problèmes de la vacance foncière1 et de la disparition du patrimoine bâti. Entremise, l’entreprise montréalaise d’économie sociale responsable de la popularisation de ce concept au Québec, définit l’occupation transitoire comme une « stratégie immobilière complémentaire [aux pratiques conventionnelles] qui consiste à occuper rapidement et tel quel un bâtiment vacant afin de tester, enrichir ou bâtir un projet pérenne.»2 L’occupation transitoire cherche à réunir une communauté d’occupants dans un bâtiment afin de le protéger, d’habiter des espaces laissés vacants et de leur donner une vocation pérenne. Elle permet de « connecter des personnes sans espace à des espaces sans personne »3. Il ne faut toutefois pas confondre « transitoire » avec « temporaire » : là où le temporaire agit à titre d’entracte éphémère entre deux usages permanents, le transitoire vise plutôt l’intégration et la permanence de la phase d’expérimentation dans un projet à long terme. 

 Les bâtiments laissés à l’abandon sont souvent en attente du projet idéal qui les réanimera. Le processus d’occupation transitoire offre une alternative pertinente aux démarches conventionnelles de soumission et d’adoption de projets qui ne permettent qu’à un nombre restreint de personnes de se prononcer sur l’avenir des espaces vacants. L’occupation transitoire permet de diminuer la dégradation prématurée des bâtiments en réduisant les risques de sinistres liés à la vacance (incendie, vermine, infiltration d’eau, vandalisme, dégradations dues au froid…), d’échelonner et de réduire les coûts de rénovations, et de mettre en valeur les qualités architecturales des bâtiments autrement laissés à l’abandon. Avant tout, l’occupation transitoire permet d’impliquer les communautés locales dans la prise de décisions relative à la requalification des espaces disponibles. Elle rend possible la réalisation de projets variés provenant d’initiatives locales. Ce processus permet de renforcer le sentiment d’appartenance au territoire et d’encourager la participation citoyenne.  

Concrètement, un projet d’occupation transitoire pourrait, par exemple, permettre à divers groupes, entreprises ou organismes de louer graduellement des locaux dans un bâtiment qui serait autrement vacant. Ces groupes prendraient ainsi part à la sauvegarde du bâtiment en l’aménageant et en veillant à son maintien en bonne condition. Cette occasion leur offrirait également l’opportunité de tester leur projet tout en participant à la constitution d’un usage durable pour le bâtiment. 

De nombreuses organisations et chartes internationales œuvrant à la protection du patrimoine bâti tels Historic England, ICOMOS et la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO, reconnaissent l’occupation de bâtiments vacants comme un outil efficace pour contrer la dégradation du corpus architectural. Plusieurs villes, organismes et entreprises à l’international permettent et encouragent la location temporaire ou transitoire d’espaces vacants. C’est notamment le cas de la ville de Bruxelles, de No Longer Empty (New-York), de Plateau urbain (Paris), de Camden Collective (Londres) ainsi que de la Société nationale des chemins de fer français. Tous ont en commun d’offrir des services qui mettent en relation des espaces vacants avec des usagers potentiels. Plus près de nous, les travaux d’Entremise et du Comité du lendemain de Grande-Rivière sont de bons exemples de l’application de  cette stratégie de sauvegarde à un contexte québécois, urbain ou rural.  

  

Pour plus d’informations sur l’occupation transitoire, consultez les références suivantes :
Podcast Cadre bâti – Épisode 15
Avis sur l’utilisation des espaces vacants à Montréal : une perspective jeunesse 
Réseau National des Lieux Transitoires (RNLT)


1 Le fait de laisser un bâtiment ou un terrain inoccupé
2 «Qu’est-ce que l’occupation transitoire?», Entremise, https://entremise.ca/
3 Entremise, https://entremise.ca/