Date de publication :

10/05/2018

Modifié le :

10/05/2018

La création à plusieurs : un degré créatif plus élevé

La création à deux, intrigue, mystifie. Pour certains, c’est un fantasme, tandis que pour d’autres, c’est une contrainte insurmontable.

Pour moi, le travail à deux est quelque chose de précieux qu’il faut construire. Chaque artiste a une démarche artistique qui lui est propre, une manière de travailler, de faire évoluer un projet. Chaque personne a ses propres sujets d’intérêt. Comment donc s’y prendre pour unir deux artistes? Est-ce que toutes les associations sont possibles?

Prenons quelques exemples comme Christo et Jeanne-Claude qui commencent leur travail en commun avec l’œuvre Dockside Packages dans le port de Cologne. Pensons également à Auguste Rodin et Camille Claudel qui travaillent ensemble à la création de Frère et sœur. Fait intéressant, les œuvres précédemment citées n’étaient signées que de l’homme. Les mœurs changent, heureusement…

Moi qui travaille toujours à plusieurs dans mon univers créatif, j’ai développé quelques méthodes pour me faciliter la chose.

METTRE SON EGO DE CÔTÉ ET ANALYSER LES DÉMARCHES

Dans un premier temps, il faut réussir à mettre son ego artistique de côté pour atteindre un degré créatif plus élevé qu’en travaillant seul.

«les artistes doivent apporter le meilleur d’eux-mêmes à l’œuvre collective sans chercher à s’en attribuer le mérite»

Pour moi, le travail créatif en commun commence par la fusion de deux démarches artistiques. Quand j’engage une nouvelle collaboration, je m’applique à faire l’analyse des deux démarches artistiques et à en tirer les points communs ou encore ceux qui sont complètement divergents. Une fois cet exercice fait, il se détache tout naturellement des thématiques complémentaires, des lieux de prédilection, des territoires semblables. C’est de cette matière qu’émerge la création à deux (ou à plusieurs).  

LE CHOC DES IDÉES COMME MATIÈRE À EXPLORER

Pour qu’une collaboration soit réussie, les artistes doivent apporter le meilleur d’eux-mêmes à l’œuvre collective sans chercher à s’en attribuer le mérite. Le génie de l’œuvre résidera autant dans l’union que dans le choc des pensées et des manières d’entrevoir la création. Un conflit s’installe en court de travail? Voyez-le comme une nouvelle matière première à explorer. Comment pourriez-vous intégrer cette opposition à votre œuvre?

ACCUEILLIR LE REGARD DE L’AUTRE

L’un des plus grands avantages de la création à deux est le regard automatique de l’autre sur votre travail. Tout est filtré par l’un ou par l’autre. Tout est questionné. Certains pourraient y trouver un certain agacement ou un frein (si c’est votre cas, je vous invite fortement à lire mon précédent billet sur la critique constructive), mais si l’on s’abandonne aux jeux, il en résultera un dépassement de soi certain.

TROUVER LE BON RYTHME

Un travail collaboratif efficace passe également par le respect des méthodes de travail et du rythme de l’autre. Rien ne sert de passer des heures et des heures, soudées l’un à l’autre, pour créer à deux. Le travail en duo se formalise souvent dans de longues périodes de réflexion et de travail en solo, qu’on confronte ensuite à l’intérieur du duo, puis qu’on amalgame.

Dernièrement, pour créer à deux, il faut se connaître vraiment. Se connaître et surtout reconnaître ce que nous pouvons apporter à une œuvre à plusieurs mains.