Les 19 mars dernier, Culture Bas-Saint-Laurent (CBSL) tenait son Midi-communauté « Réseaux sociaux : On fait quoi ? ». Anya Maali animait cette rencontre, en cohérence avec son mandat d’agente de développement numérique et mobilisation. L’activité a rassemblé plus d’une dizaine d’artistes et de travailleuses culturelles de la région.
Les participantes ont échangé sur leurs différents usages des réseaux sociaux et leurs inquiétudes face à ce que l’on pourrait décrire comme une « crise des médias sociaux », causée par le monopole de grandes entreprises (Meta, X, Tik Tok, etc.) et l’alignement de leurs dirigeants avec le gouvernement américain.
Craintes et incertitudes
Toutes les participantes se disaient préoccupées par la situation actuelle et souhaitaient bénéficier de notre réflexion collective pour les aider à se positionner. Si la gestion de ces plateformes n’occupe pas un espace important dans le quotidien de certaines, pour d’autres il est d’une importance primordiale pour assurer la promotion de leur pratique, le réseautage, l’émergence de nouvelles collaborations ou encore pour connaître les actualités culturelles. Outre les dérives idéologiques, les enjeux de sécurité et de vie privée ont aussi été mentionnés de même que l’injonction à devoir absolument être sur ces plateformes pour être découvrable.
Des alternatives
- La création d’une infolettre est une alternative envisagée par plusieurs pour rester en contact avec leur communauté dans l’éventualité d’un départ des grands médias sociaux. La plateforme québécoise Cyberimpact est utilisée par des artistes et organismes au Bas-Saint-Laurent.
- Le retour à des modes de communication plus traditionnels est aussi envisagé, telle la collaboration avec les médias locaux (journaux, radio, télévision, etc.), l’affichage ou même le publipostage !
- Des plateformes de financement participatif comme Patreon ou Buy me a coffee permettent de bâtir une communauté autour de son projet et de générer des revenus. Enfin, pour celles et ceux qui souhaitent demeurer sur les grands médias sociaux, l’une des participantes suggère d’utiliser l’application Facebook Purity, qui permet de nettoyer et de personnaliser son contenu.
Décision individuelle ou réflexion collective ?
Parmi les alternatives proposées, une participante a présenté Culture Cible, une coopérative québécoise regroupant des médias culturels numériques indépendants et dont la mission est de garantir une visibilité forte et constante au milieu culturel québécois, notamment par la mutualisation de ressources et de données. Cette coop fait pression sur le gouvernement québécois pour l’inciter à investir dans les médias locaux. Cette initiative démontre qu’il est possible de s’organiser pour trouver des alternatives.
Plusieurs participantes ont évoqué la tension entre le choix individuel de rester (ou non) sur les grands médias sociaux et la réflexion collective à alimenter autour de cet enjeu. L’exemple de Culture Cible est inspirant et nous rappelle que l’effritement actuel des médias locaux est en partie dû à la part grandissante des grands médias sociaux dans nos vies.
Est-ce que la revalorisation de nos médias locaux et régionaux pourrait offrir un rempart à l’hégémonie ? Est-ce que la gratuité des contenus et leur accessibilité sur une seule plateforme (ou quelques-unes) viennent avec un coût social important ?
La contestation de cette hégémonie des grands médias sociaux et la volonté de s’en abstraire de plus en plus nous amènent sur une réflexion plus large. Peut-être devient-il pertinent de contester le fait que nous passons de plus en plus de temps sur les écrans. Peut-être avons-nous besoin de nous connecter davantage en présentiel, pour reprendre l’expression désormais consacrée.
Outre les médias locaux et régionaux, devrait-on revenir davantage aux moyens de promotion « traditionnels » dont nous parlions précédemment (bouche-à-oreille, publipostage, babillard, etc.) ? Sortir des écrans exige aussi de rompre l’injonction à devoir créer sans cesse du nouveau contenu pour favoriser sa découvrabilité.
Ce Midi communauté et la réflexion qu’il engage continuera d’occuper nos esprits et Culture Bas-Saint-Laurent invite ses membres à poursuivre la conversation.
Puisque l’un des mandats de CBSL est de relayer l’information régionale et de susciter le réseautage, l’organisme invite ses membres à consulter régulièrement la page « Actualités » de son site web ou encore à s’abonner à son infolettre (si ce n’est déjà fait) !
Des ressources pour aider à la réflexion et des alternatives !