Date de publication :

23/11/2021

Modifié le :

02/05/2023

Hommage à Julie Lévesque par des membres du milieu culturel bas-laurentien

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L’an dernier, nous avons perdu une artiste et une travailleuse culturelle qui a activement participé au développement artistique et culturel du Bas-Saint-Laurent pendant plus de 20 ans; Madame Julie Lévesque. 

Elle nous a quitté.e.s en pleine pandémie, dans cette impossibilité d’être auprès d’elle dans ces derniers moments et d’offrir nos sincères sympathies en chair et en os à ses proches lors de son départ. Nous n’avons pas pu nous rassembler pour partager nos peines et nos souvenirs. Nous n’avons pas pu arriver par dizaines pour que sa fille puisse être encore plus fière de sa mère. 

Pour nous, les artistes et les travailleuses et travailleurs culturels qui l’avons côtoyée, il était incontournable de lui offrir notre gratitude malgré le contexte pour honorer la grande dame qu’elle a été et qu’elle restera toujours.

À l’occasion de l’anniversaire de naissance de Julie, nous partageons donc aujourd’hui cet hommage collectif en sa mémoire.  

Photo: Steve Leroux

C’était en 1998 au cégep de Rimouski. J’ai aimé découvrir l’élève qui arrivait d’ailleurs avec des photos dans ses bagages, en quête d’une transcendance possible par l’art. Je me souviens avoir été interpellée par le sérieux de ton questionnement et la profondeur de ton engagement. Avec le temps, j’ai aussi côtoyé une femme entière, intense et complexe. Je te suis reconnaissante d’avoir croisé ma route.

– Suzanne Valotaire

 Au Cégep, comme étudiante ; dans ses œuvres, comme artiste ; dans les organismes, comme travailleuse culturelle, toujours la même Julie : vive intelligence, amour du travail bien fait, juste sens critique, et, surtout, un humour rayonnant !

Bruno Santerre

Belle Julie, plusieurs sentiments m’animent en rédigeant ces quelques mots. Ce que je désire préserver de toi, au-delà de ce long combat que tu as mené, ce sont ces magnifiques souvenirs, tous ces instants inouïs vécus ensemble pendant nos années d’études en arts plastiques au Cégep de Rimouski. Ce quatuor que nous formions avec Anne et Michèle et qui nous amenait au resto Nicks tous les mercredis soir devant un quart de poulet cuisse ou poitrine! Que de rires et de délires! Et que dire de ces nombreuses années à Caravansérail! Tu t’es investie corps et âme, contribuant à bâtir cet organisme qui rayonne encore aujourd’hui. J’ai eu l’immense honneur de te côtoyer pendant ces beaux moments de ton parcours, je resterai marquée à jamais par la belle artiste que tu es. Repose en paix grande dame.

Sarah Landry 

J’ai mieux connu Julie en 2007 lors de mon implication au C. A. de Caravansérail. J’ai le souvenir d’une Julie très impliquée dans l’action et la réflexion à propos du devenir du Centre. Durant cette période de vie, je la trouvais allumée, perspicace avec son humour pince-sans-rire. Par la suite, j’ai vu son courage et sa ténacité devant l’épreuve de la maladie. Sois en paix, Julie, peu importe ta dernière destination.

Rita Giguère 

Julie est à jamais associée, dans mon cœur et mes souvenirs, à la création de Caravansérail. Elle a été l’une des premières à embarquer dans l’aventure, à m’accorder sa confiance et à m’épauler pour donner vie à cette vision un peu folle que je souhaitais matérialiser ici, dans mon pays d’adoption, à Rimouski. Je dois cette belle rencontre à Jocelyne… Merci ma chère Jocelyne! Mille images et moments partagés avec Julie sont ancrés dans ma mémoire : les vernissages d’exposition animés, l’événement Espace blanc, l’accueil des artistes en résidence, le déménagement au Paradis… Julie l’artiste. Julie, la travailleuse culturelle. Julie sensible. Julie fidèle. Julie et son humour décapant. Sa loyauté envers la communauté artistique est admirable et je souhaite rendre hommage ici à sa générosité, mais aussi à sa force et à sa résilience… Sans crier gare, la maladie s’est invitée et a bouleversé son quotidien, celui de sa petite famille. Elle a dû apprendre à composer avec cette épreuve. Ces dernières années, elle a partagé avec nous des moments intimes, avec pudeur et authenticité, pour nous éclairer sur ce que signifie vivre avec un cancer du sein triple négatif. Grâce à elle, j’ai mieux compris la réalité qui était la sienne, mais aussi quels gestes les proches peuvent poser pour accompagner une personne qui vit une telle épreuve. J’ai été touchée par ses messages, j’ai entendu ses coups de gueule, j’ai appris, j’ai grandi. Ses nombreux legs m’accompagnent aujourd’hui. Je t’aime Julie!

Marianne Coineau 

J’ai relu mon journal de bord d’artiste en résidence à Caravansérail, février 2004. Page 1 : arrivée, accueil, clefs, atelier. Page 2 : Julie Lévesque numéro de téléphone RV tantôt. Nous voilà amies, tout simplement, deux Julie. Elle me parle de son projet In-Quarto, une série de publications pour lesquelles elle a eu une bourse et me propose d’être le sujet du prochain numéro. Elle fait tout, c’est une femme-orchestre : le design, la mise en page, les photos, le texte. En m’invitant dans son projet, c’est de la confiance, de la reconnaissance et une bonne dose d’amour qu’elle m’a donné, et ça, ce n’est pas rien lorsqu’on est une jeune artiste. Depuis toutes ces années à distance, je suis retournée des dizaines de fois à Rimouski, nous avons aussi plusieurs amis en commun. Nous avons chacune vécu la maternité, et donné naissance à une fille, et ça, c’est plus que tout en fait. Après toutes ces années, ce qu’elle m’a montré, c’est la sororité, tout simplement.

Julie Picard 

En 2006, je deviens colocataire de Julie dans l’espace bureau de Caravansérail alors partagé avec la Coopérative Paradis. Tandis que j’assure l’intérim à la direction de la coopérative Julie garde de phare de Caravan en attendant elle aussi la venue d’une nouvelle directrice. On dîne ensemble au quotidien et on se découvre. Son humour, son ironie, son engagement et surtout son humanité me la rendront inestimable au fil des ans. Le lien se crée. Quand son cancer se déclare juste après la naissance de Marie je suis sciée.  Je participe activement à la mobilisation du milieu pour soutenir la famille en espérant de tout cœur que ça ira mieux. En 2012-2013 lors de sa rechute, on se retrouve, ailleurs. C’est  nul. Elle affronte l’épreuve de  son diagnostic de cancer métastasique pendant que j’accompagne mon fils à la dérive dans un état psychotique qui s’éternise. On se voit. On boit du thé et on jase. On est des amies. Au fil du temps nos discussions évoluent. Elle me parle bien modestement de ses engagements pour l’amélioration des soins  pour les jeunes femmes atteintes de cancer tandis que je lui parle des défis de mon travail au Musée et de la création de mon film Chroniques hospitalières. En octobre 2020 elle m’écrit pour me dire que ça va pas bien. La pandémie nous sépare maintenant depuis plus de 7 mois. On s’est pas revue et elle a pas vu mon film avant de partir, mais chose certaine c’est à elle que je le dédierai lors de la première. Merci Julie, pour tout ce que tu étais.

Brigitte Lacasse 

Julie était tellement allumée sur tout ce qui était d’actualité en arts. Alors quand elle m’a reçu à Caravansérail pour ma première exposition, j’étais super impressionnée et intimidée! Mais elle savait comment tout retourner à la blague et vite on a créé un super lien qui m’a permis de me sentir à la maison à «Caravan sué rail». Ce que je retiens aussi de ma belle grande brune, c’est que c’était toute une guerrière… Pour elle, mais aussi pour le bien commun. Elle a su laisser sa trace autant dans le paysage culturel que social, d’ici, mais aussi partout où elle est passée. Je suis convaincu que sa belle énergie va continuer longtemps à nous faire vibrer.

Nadia Ross 

Quel privilège d’avoir pu bénéficier de ton accueil, de tes compétences multiples et de tes talents Julie. Ces qualités se manifestaient à travers un sens pragmatique exceptionnel et une grande générosité. Je me suis sentie en sécurité avec toi à mes côtés comme complice professionnelle. Tu savais voir les besoins et tu avais aussi un flair incroyable pour détecter les potentielles peaux de bananes sur lesquelles on pouvait glisser en chemin! Tu possédais un genre de 7e sens fait de voyance, d’efficacité redoutable et de justesse minutieuse. Avec toi, les projets s’organisaient en étapes et devenaient une réalité concrète. Tiens cw*isss de check list! Merci pour tout belle Julie.

Virginie Chrétien

Julie, ma belle Binoche, te dire adieux serait me mentir, car tu continueras d’habiter en moi à travers tout ce que tu m’as transmis et partagé. Ton élégance rebelle, ton sourire narquois, et ton écoute empathique, mais aussi ton professionnalisme et ton ouverture ne sont que quelques-unes des qualités de la femme que j’ai été choyé de connaître. Merci Julie. Namasté. Va maintenant et, comme dans un tableau de Riopelle, prend ton envol belle grande oie blanche.

Martin Côté

J’ai oublié ma première rencontre avec Julie. Je ne me rappelle pas non plus la dernière fois que je l’ai vue. En cherchant les mots pour évoquer son souvenir, ma mémoire trouée tente de s’attacher à quelques fragments désordonnés… La « bonne voisine » qui débarque à l’improviste pour « tchéquer » l’avancement de nos rénovations. L’amie avec ses onguents « bons à manger » pour les enfants. La femme en colère contre sa situation, et encore plus contre ceux qui ne voient pas plus loin que la leur. La collègue qui me rassure d’un ton moqueur que « quelqu’un qui se mêle de ses affaires » ne verra pas mes erreurs. La mère au regard fatigué, qui attend comme moi sa fille derrière la clôture du terrain de l’école… Et à travers tous ces souvenirs me revient graduellement l’image d’une femme intelligente, sensible et généreuse. Mais une femme critique aussi, à l’humour caustique. En fait, le souvenir que je garde de Julie est celui d’une personne aussi complexe que la somme ces fragments d’existence durant lesquels nos chemins se sont croisés.

Julie Morazain

Si je devais n’utiliser qu’un seul mot pour décrire Julie, je dirais l’acuité. Julie m’a toujours impressionnée par cette faculté qu’elle avait de voir et comprendre les choses avec une grande sagacité, toujours à l’affût de l’information. Cette qualité faisait d’elle une travailleuse culturelle avertie, une artiste habile et une amie avisée. Son humour mordant et désinvolte me manquera. Aurevoir mon amie.

Cybel Chagnon

Tu as fait partie de mon paysage dès mon arrivée dans la région pour la mise en œuvre du Centre d’artistes Caravansérail. Je t’ai rencontré par le biais de tes œuvres présentées lors de l’inauguration du Centre. J’y ai trouvé un regard sensible, libre… Tout ce qui s’y trouvait et me touchait s’est prolongé dans notre amitié qui s’est développée au fils des ans. Je retiens ta rigueur, ta sensibilité, ta créativité, ta force et ton courage, sans oublier ton humour grinçant !

Steve Leroux 

Tu as été l’une des premières personnes à m’accueillir à Rimouski. Je n’oublierai jamais ta présence soutenante et généreuse lors de mon arrivée. Je porte avec affection cette croyance que nous sommes faits de la somme de nos relations et responsables de l’héritage que nous offre chacun de nos liens. Te côtoyer m’a transformée, Julie, dans ces petites et grandes choses qui ont contribué à celle que je deviens. Grâce à toi, je sais frapper du marteau avant de patcher un mur de gypse pour faire une belle job. Grâce à toi, je trouve ça particulièrement beau et touchant quand je croise quelqu’un qui sait être à la fois très ferme et si puissamment, si dignement fragile. Merci. 

Dominique Lapointe, ta Saravansérail Caron

Avec le départ de Julie s’envole une partie de la mémoire de notre centre. Nous souhaitons la remercier pour son implication à divers degrés pendant toutes ces années. Nous garderons d’elle, un précieux souvenir.

L’équipe du centre d’artistes Caravansérail, mars 2021 

« Jolie Julie
Tout un monde privé de toi
Porte un souvenir béant
De ta force sensible 
Une trace irréductible 
Reine des comètes
Ma reconnaissance infinie »

Catherine S. Massicotte

Julie et moi étions reliées par un petit bout d’âme, un lien complexe et indélébile semblable à ceux qui unissent les familles, même éloignées. Elle m’a appris que les intentions ne sont rien, mais que les mots et les gestes sont tout. Merci.

Paule Lemieux

Mon passage à Rimouski a été rempli d’aventures extraordinaires. Une de mes plus belles a été mon amitié avec Julie. La complicité, le respect, l’amour, les folies, la confiance, la vulnérabilité et les nombreux fous rires resteront toujours avec moi, doucement. Mon cœur est avec Marie, Jean-Luc, tes amis, ta famille et tous ceux qui ont eu, comme moi, le privilège de te connaître. Merci d’avoir été ma belle croquette pref’. 

Esther Desrosiers 

Une belle amitié s’est créée avec Julie en faisant un intérim à la direction de Caravansérail, à l’automne 2012. Puis, ma nouvelle collègue Julie, si drôle et pragmatique,  est soudainement partie en congé maladie. Devant mon implacable inutilité d’y changer quelque chose, j’ai commencé à plier des grues en origami telles la jeune Sadako à Hiroshima. Quiconque confectionne mille grues voit un vœu exaucé. Puis, un petit groupe s’est formé pendant presqu’un an pour plier à son insu chaque semaine ensemble. Les 1 000 grues ont été reliées en guirlande pour cette offrande…d’amour et d’amitié. On y a presque cru…

Esther Gagnier 

Je me souviens que tu étais déjà là quand je suis arrivé dans la région. C’était à Caravansérail, dans la crypte ombrageuse où des artistes faisaient de la magie.Tu étais blessée, je crois. Une rupture amoureuse te faisait souffrir, toi qui voulais aimer. Mais tu parlais fort et tu en menais large avec ton rire sonore, avec tes blagues à faire noircir les plâtres, à faire gauchir les tableaux accrochés aux murs. Je me souviens que tu étais très efficace, que tu menais des guerres logistiques imparables, que tu échafaudais des plans de communication comme on mine stratégiquement un terrain à prendre, un mot à la fois. Parfois tu pleurais sans trop avertir, un peu pour exprimer le fait que tu étais très sensible et que le reste comptait un peu moins que le feu qui couvait de l’intérieur. Je me souviens aussi des beaux jours. Du soleil qui pénétrait par la vitrine du café, de la chaleur de nos tupperwares et de l’arrivée de Jean-Luc. Tu m’as demandé: « penses-tu qu’il est fiable? » et j’ai dit « oui ». Tu avais peur de ce nouvel engagement, mais tu m’as aussitôt parlé d’avoir une famille, de la promesse de vivre. Puis un jour, j’ai annoncé mon départ: je quitte l’équipe, je redeviens un artiste, un ninja avec des nunchakus. Tu m’a prise alors dans tes bras et tu as pleuré encore un peu plus. C’était beaucoup d’émotions déversées et j’ai compris que nous étions devenus des amis. Chaque fois que je passe par là, rue Michaud, je pense toujours à toi. Je porterai très haut pour toi le privilège d’être vivant. 

Jean-Philippe Roy

Julie la géante
Julie les îles du Bic
Julie la mer
Julie t’es mère
Julie tu pleure
Julie tu ris
Julie il t’aime 
Artiste Julie
La ligne fine, l’emprunte effacée
Le corps volcan
La tempête imprévue
Seule sur une île, entourée d’amour
La Robinson Crusoé
Parcourant la forêt
À l’affut de toutes les médecines
De toutes les potions magiques
Tu as tout osé
Tu t’es dépassée sans fin
Jusqu’à celle irréversible
Où le jour fût adieu
Où les yeux furent inondés
Les cœurs brisés
Les bras vidés
Silence
Espace-temps
Tombe la neige
Grand blanc indéfini
Jusqu’au vert tendre
Jusqu’à l’héritage
Toute ta grandeur, ta puissance et ta beauté
Toutes ces parcelles de toi 
Là, au plus intimes de nous
Aujourd’hui et pour toujours,
grandissent et fleurissent 
le chemin de nos vies.

– Fernande Forest

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Photos: Gauche: ©Steve Leroux. Caravansérail, Projet Manège urbain. Droite: ©Caravansérail

Pour contribuer à cet hommage

Cher.ère.s ami.e.s et collègues qui avez côtoyé Julie Lévesque,

Si vous souhaitez contribuer à cet hommage, offrir votre gratitude ou souligner l’apport important de Julie en arts et culture, vous pouvez participer par un court paragraphe que nous pourrons ajouter à nos voix.

Envoyez votre texte à l’adresse direction@culturebsl.ca