Date de publication :

19/06/2024

Modifié le :

19/06/2024

Entreprendre en arts et culture au BSL


Présentation des projets en développement professionnel lors de l’assemblée générale de Culture Bas-Saint-Laurent. Photo : Marie-Eve Campbell, CBSL.

défis et pistes de développement

 

À l’automne 2022, le Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) a confié au Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec (RCRCQ) le mandat de coordonner une démarche afin de développer les compétences entrepreneuriales des artistes et travailleur.euse.s en culture des différentes régions du Québec.   

 

La première année du projet a été consacrée à la structuration d’une communauté de pratique rassemblant des agent.e.s de toutes les régions et à la réalisation d’un inventaire des ressources en entrepreneuriat général et artistique au niveau régional et national. La deuxième année a été marquée par le transfert de la coordination nationale du projet à Dominique Rheault, agent de développement professionnel à Culture Bas-Saint-Laurent. Au cours de celle-ci, les membres de la communauté de pratique ont suivi une formation de près de 50 heures de l’École des entrepreneurs du Québec, de septembre 2023 à mars 2024, pour développer leurs propres compétences et connaissances en entrepreneuriat. En parallèle, elles et ils ont aussi effectué une étude des besoins à combler dans leur région qui sera détaillée plus bas dans cet article.

 

Pour une définition de l’entrepreneuriat artistique

La notion d’entrepreneuriat peut susciter des tensions au sein de nos communautés artistiques régionales étant donné le sens mercantile du terme dans l’usage commun. Il est clair que les visées artistiques dépassent le seul intérêt pécunier et que nous devons adopter une définition plus appropriée pour notre domaine. Nous avons choisi celle-ci:

« Être un artiste implique une dimension entrepreneuriale qui peut revêtir différentes formes. […] Qu’elle soit individuelle ou collective, l’activité artistique repose sur une prise de risque, présente à différentes phases d’un projet artistique, qui concernent l’innovation ou l’expérimentation, la production ou la diffusion, ce qui implique l’émergence de fonctions entrepreneuriales assumées par l’artiste. »

– L’entrepreneuriat dans le secteur des arts, EMS éditions, 2021

Conclusion de l’étude de besoins au Bas-Saint-Laurent

Nous vous invitons à consulter le document ci-dessous pour connaître les résultats détaillés de notre étude de besoins selon chaque thématique comprenant des graphiques pour chaque type d’action, les freins principaux identifiés et des pistes de développement spécifiques.

Nous nous limiterons ici aux conclusions générales, qui trouvent d’ailleurs un écho à la grandeur du Québec étant donné la grande similarité des résultats d’une région à l’autre.

 

 

Notre étude a permis de mettre en lumière la grande solitude vécue par de nombreux et nombreuses artistes et gestionnaires qui doivent composer avec du stress, de l’anxiété, de la fatigue et un sentiment de précarité.  

La charge administrative et la recherche de financement prennent trop de place et diminuent de façon considérable le temps disponible pour la pratique artistique ou la mission de l’organisme (ou de l’entreprise). La prise en charge des autres compétences entrepreneuriales (communication, diffusion, réseau, vision, etc.) en est aussi affectée. Le manque de temps est le principal frein identifié et contribue à la difficulté de développer une vision à long terme, si essentielle à la démarche entrepreneuriale.

Enfin, il y a certains types d’actions qui sont particulièrement peu prises en charge par les artistes. Voici quelques exemples :

  • 60% n’ont jamais fait appel à du financement privé (commandites, dons, philanthropie, sociofinancement, etc.)
  • Seulement 9,5% ont un plan de communication mis à jour de façon régulière
  • 70,3% ne font jamais appel à des services externes pour leur diffusion (agences de booking, maisons de disque, maisons d’édition, etc.
  • 60% ne développent pas (ou peu) leur réseau en dehors du domaine culturel (milieu des affaires, économie sociale, action communautaire, éducation, tourisme, etc.)
  • 52% ne sont pas accompagné.e.s par un.e mentor.e.

 

Présentation du Guide de soutien lors de l’assemblée générale de Culture Bas-Saint-Laurent. Photo : Marie-Eve Campbell, CBSL.

Pistes de développement

Les résultats de cette étude de besoins nous ont ramené à l’importance de l’amélioration des conditions de pratique et travail en culture, qui rendent possible le déploiement des trajectoires artistiques et entrepreneuriales en culture dans la région. Culture Bas-Saint-Laurent travaille tout particulièrement sur cet enjeu depuis 2020 via le projet ACTE-culture. À travers celui-ci, nous continuerons de créer des occasions de rencontres (5 à 7 de réseautage et Cafés-causeries) et de partage d’expertise (Midis-communautés) pour contribuer à briser l’isolement de nos membres. Nous réfléchissons aussi à organiser des groupes de soutien et à favoriser des initiatives de mentorat.

Nous croyons aussi qu’il est essentiel de développer la philanthropie en culture au Bas-Saint-Laurent pour diversifier les sources de revenus, tout en insistant pour augmenter le financement public via les principaux bailleurs de fonds (CALQ, SODEC, CAC, etc.). Nous réfléchissons à développer des initiatives de mutualisation de ressources et à créer des outils pour nos membres, notamment en bonifiant notre Guide de soutien. Le but de nos actions est de diminuer la charge administrative des artistes et gestionnaires pour qu’elles et ils puissent se concentrer davantage sur leur pratique artistique et/ou sur la mission de leur organisme (ou entreprise).

Il nous apparaît nécessaire de favoriser le maillage avec d’autres domaines professionnels tels que l’éducation, la gestion municipale, les affaires, le tourisme, etc. Nous pensons également que la culture pourrait se rapprocher du domaine maritime, avec ses centres de recherche, ses organisations privées et autres initiatives. En effet, nous connaissons l’importance de celui-ci sur notre territoire, qui s’explique notamment par notre rapport privilégié au fleuve Saint-Laurent.